4 - Expériences : démarches pédagogiques

mise à jour: Date de mise à jour:  sam, 12/08/2012
Sandrine Chalvet - Aten. Formation d'animateur aux handicaps.

 

Donner le goût de la nature à tous. L’éducation à l’environnement est un processus éducatif qui vise à l’enrichissement des connaissances (savoir), à la prise de contact avec la nature (aptitudes) et au changement d’attitudes (valeurs), mis en place au profit de la nature et de l’environnement. Le public cible est alors considéré plutôt comme un partenaire que comme un élève. Sensibiliser, conscientiser, susciter un engagement contribuent à développer des compétences, à permettre de résoudre des problèmes pratiques et à agir d’une manière appropriée face à des problèmes concrets. Cela nécessite une approche globale et multidisciplinaire qui a aussi des prolongements vers l’éducation civique.

Sur le terrain, chaque expression de la nature peut faire l’objet d’une exploitation pédagogique différente; on tiendra compte des éléments suivants :

  • I’intérêt didactique que présente l’espace visé,
  • les possibilités de présence et d’observation de la flore et de la faune,
  • les facilités pratiques rencontrées par l’éducateur,
  • les caractéristiques du public visé (âge, nombre, handicap...).

L’éducation à l’environnement qui appréhende le monde qui nous entoure dans sa globalité et sa complexité ne peut tolérer les exclusions et ne doit négliger aucun public. L’EEDD* permet de communiquer des informations sur notre patrimoine naturel, culturel, humain et scientifique et peut s’appuyer sur la participation active du public. Il ne faut pas croire que les personnes handicapées sont limitées quant à leurs besoins et leurs aptitudes concernant les loisirs de pleine nature. Les avantages des loisirs de pleine nature sont les mêmes pour ces personnes que pour quiconque. Ce sont les changements d’environnement, l’initiation à de nouvelles connaissances, la découverte de nouveaux intérêts, la décontraction des rapports sociaux qui peuvent entraîner une meilleure compréhension entre les personnes et un recul des limites de l’univers particulier de chaque personne handicapée.

Les avantages de la découverte de la nature sont les mêmes pour tous, mais le besoin d’en jouir est probablement supérieur parmi les personnes qui, justement, ne peuvent s’adonner aux loisirs de pleine nature car leurs besoins ne sont pas satisfaits dans ce domaine. Les personnes ayant un handicap voient malheureusement encore trop souvent leur existence atrophiée en partie par leur infirmité et surtout par un monde qui n’est pas conçu pour elles. Chacun, à un moment donné de son existence a le droit d’être éduqué dans ses relations avec l’environnement et le droit d’agir pour ce dernier. Les personnes handicapées ont un rôle d’exemple, d’éducation du citoyen, et ce rôle les aide à s’intégrer plus facilement dans les populations locales.

Les personnes handicapées ont le droit d’accéder aux réflexions sur l’avenir de notre planète et peuvent peut-être ainsi trouver un espoir de non exclusion et une voie vers la citoyenneté.

La personne handicapée, qu’elle soit déficiente visuelle, déficiente mentale ou à mobilité réduite, doit pouvoir bénéficier, tout autant que la personne dite normale ou ordinaire, d’un panel d’activités adaptées dans le domaine culturel, sportif, mais aussi environnemental. L’éducation à la nature doit être exemplaire, d’autant plus que ses objectifs nous concernent tous sans aucune exception (tri des déchets, protection de la faune, de la flore, de l’eau,…). Il faut néanmoins garder en tête que cette éducation n’est pas une priorité si certains besoins vitaux ne sont pas atteints. Et cela est d’autant plus vrai pour des personnes fragilisées comme les personnes handicapées.

L’éducation à la nature développe des objectifs que l’on retrouve dans l’éducation spécialisée.

Quels que soient les objectifs posés dans une activité d’éducation à la nature, ils répondent tous à ceux développés par les éducateurs et instituteurs spécialisés dans leur structure. L’éducation à l’environnement ne propose pas de nouveaux objectifs, elle complète un enseignement spécialisé.

Les points communs :

  • les objectifs comportementaux
  • les objectifs éducatifs
  • les objectifs sociaux

La pédagogie de l’éducation à l’environnement : quelle approche ?

L’éducateur doit construire une relation avec la nature et avec le public afin de favoriser la rencontre entre ces deux entités par le biais de la pédagogie. Dans tous les cas, on avantagera une méthodologie active, avec une démarche analytique et scientifique rigoureuse, sans oublier d’y intégrer une dimension ludique, artistique ou sensorielle. L’approche doit être complétée en tenant compte des interactions existant dans le système étudié et favoriser une vision transversale du sujet.

Parmi les types de pédagogie praticables dans l’éducation à l’environnement et plus particulièrement à la nature, nous pouvons épingler la démarche sensorielle, celle-ci s’adaptant particulièrement bien à un public très varié en fonction de l’âge et des handicaps.

La démarche sensorielle

L’éveil à la nature par les cinq sens semble être une piste intéressante pour aborder la nature avec une personne atteinte d’un handicap sensoriel.

L’éducation sensorielle peut être considérée comme une phase préliminaire dans l’éducation (phase d’éveil sensible), préparant à une phase conceptuelle et analytique (développement des facultés de raisonnement), suivie d’une phase d’approfondissement.

Ces étapes successives doivent préparer l’enfant ou sensibiliser l’adulte à son implication réelle en tant que créateur et gestionnaire de son environnement.

La révolution technologique a bouleversé les rapports entre l’homme et la nature : l’éveil réel de l’enfant est remplacé par un éveil potentiel (la technologie constitue plus un moyen d’accès qu’une nécessité pour appréhender l’environnement direct). Dans un processus de communication naturelle, les organes de perception sont des éléments actifs (ils captent, cherchent et sélectionnent les informations), alors que dans la communication technologique, leur rôle n’est plus du tout central.

L’éducation par les 5 sens vise à remettre la première étape du processus à l’honneur par des activités favorisant l’un ou l’autre type de perception (vue, ouïe, toucher, goût, odorat) et pas uniquement le seul sens habituellement utilisé dans la communication moderne : la vue.

Dans le cas de l’éducation à la nature, l’éducation sensorielle sert à jeter les bases d’une éducation plus informelle et d’une conscientisation vis-à-vis de la nature.